Pierre Blanche, une exposition à l'espace Gachiou, à aubagne
Résidence et exposition de Françoise Rod et Madeleine Doré à l' espace de la Porte Gachiou à Aubagne.
Une résidence du 10 août au 7 septembre pour mettre en place un environnement artistique proposé aux visiteurs du 8 au 13 septembre 2020 grâce à la Bourse Aubagnaise Local de Création Artistique du BACAL. Dans cette exposition, il y a aussi un travail réalisé avec les enfants du Clea Mermoz en août, dans le cadre du projet Rouvrir les mondes proposé par la Direction Régionale de l'Art Contemporain.
L’exposition PIERRE BLANCHE est composée de plusieurs assemblages expositifs, d’une installation immersive où les visiteurs sont plongés dans un univers de pierres de différentes natures et d’une Pierreformance qui met en valeur l’écoute, le langage des pierres et le mouvement du temps.
L' intention du duo d'artistes était d’offrir au visiteur la possibilité d’entrer dans un monde où percevoir est une ouverture à l’autre. Elle ont mis en place plusieurs œuvres lui permettant de poser un regard nouveau sur les pierres que ce soit celles qui bordent les rues de son quotidien, celle aux caractéristiques philosophales et spirituelles, celles questionnant l’ère actuelle dans laquelle nous vivons.
Parcours dans le lieu
A l’entrée à droite, une grande toile couvre le mur, sur celle-ci il est écrit : « La pierre ouvre un espace en soi ». Cette majestueuse surface claire fait face à un tableau juché tout en haut de l’autre côté où figure la découpe d’une forme de pierre. Ces œuvres, l’une comme l’autre ouvrent un espace qui propulse le regard dans une dimension où les pierres sont porteuses d’une temporalité distincte.
Ce rapport au temps est le fil du récit visuel qui se construit dans une petite vidéo intitulée paysage parallèle. Le scénario parle de la naissance d’un monde après le bing bang, l’apparition des pierres, de l’eau, des nuages ; un processus de représentation de la vie déconstruit par la main, un clin d’œil subtil à l’ère anthropocène dont il est fait mention dans le texte de présentation de l’exposition.
Un dispositif transparent de monstration de pierres vraies et fausses invite le spectateur à se prêter à un jeu d’observation, à entrer dans la vérité de la pierre et reconnaitre lesquelles sont réelle ou pas.
Combien faut-il de silence pour que naisse une pierre ? La réponse à cette question se trouve dans les profondeurs d’un temps millénaire et est aussi présente avec un assemblage aléatoire de triangles en carton, une structure qui simule la formation unique d’un diamant. Ses multiples facettes et son rayonnement lumineux sont illustrés par des dessins représentant la décomposition de la lumière.
Sur une cinquantaine de petits carrés sont exposés différentes pierres formant une collection hétéroclite. Des pierres ramassées ici ou là, au hasard des rencontres, des chemins. Chacune est porteuse d’un geste d’attention, d’un instant de vie. Posées sur un plan vertical elles inversent le regard du spectateur, ce sont les pierres qui nous regardent, curieusement on est face à une proximité qui semble tout aussi lointaine.
L’espace aménagé pour la présentation du travail d’atelier réalisé avec les enfants est présenté en dialogue avec nos explorations plastiques. Un cadre photo montre les images en continu de ces différents ateliers. Dessins, gravures, s’étalent dans un mouvement qui s’harmonise avec des sculptures de pierres posées et suspendues. Les travaux des enfants côtoient des dessins d’empreintes de pierres semblant sortir d’un dispositif en forme de boîte ainsi que d’autres dessins d’observation réalisés à la mine de plombs. Ces derniers sont alignés et disposés à la manière d’un cabinet de curiosité. Le réalisme des dessins, ses textures et l’imitation de la matière minérale sont issus d’une recherche ludique du vivant, d’un apprentissage de l’art. Revenir à la créativité devient l’outil qui éveille à la conscience du monde, à celle des êtres et des choses à préserver. L’art ici rejoint l’éthique.
Les travaux des enfants côtoient des dessins d’empreintes de pierres semblant sortir d’un dispositif en forme de boîte ainsi que d’autres dessins d’observation réalisés à la mine de plombs. Ces derniers sont alignés et disposés à la manière d’un cabinet de curiosité. Le réalisme des dessins, ses textures et l’imitation de la matière minérale sont issus d’une recherche ludique du vivant, d’un apprentissage de l’art.
Le thème choisi Pierre Blanche fait référence à l’environnement immédiat d’Aubagne, au Garlaban ce sommet blanc qui domine les collines qui l’entourent. Ce paysage a inspiré l’installation conçue à partir d’un grand papier blanc qui descend du plafond jusqu’au sol où des fragments de montagnes de cire apparaissent à travers des formes de pierres découpées dans le papier. Ici le réel fait surface tout en montrant le recul nécessaire au voir qui dévoile et cache en même temps les paysages lointains d’une renaissance imaginée que l’on pourrait tenir dans sa main. La pierre contient en elle-même une mémoire incommensurable, nous avons souhaité rendre visible cette idée de mémoire archivée en utilisant d’anciens documents de la ville d’Aubagne pour concevoir une œuvre pierre façonnée à partir de strates de numéro anciens de la revue l’AJJ.
Explorer, découvrir, s’immerger dans un espace et laisser le matériau la pierre interpeller les visiteurs fait partie intégrante de ce parcours d’œuvres à percevoir. L’installation immersive tient une place majeure dans cette exposition, elle occupe entièrement la dernière salle de l’espace Gachiou. Les visiteurs sont conviés à entrer dans l’enceinte de cet univers mystérieux où les pierres dévoilent leur langage secret.
Deux sacs remplis de pierres sont posés de chaque côté de l’entrée, ils sont ouverts de manière à inciter les visiteurs, visiteuses à choisir une pierre, celle qui l’interpelle. Il ou elle peut suivre le géoglyphe dessiné au sol en forme de pierre, le parcourir à son rythme, se laisser inspirer par la pierre choisie qu’il tient au creux de sa main.
Sur l’un des murs quatre sacs blancs pour gravas sont accrochés de manière accessible et identifiés par des aphorismes tels que : Langage de pierre, Pierre conscience, Pierre qui passe ou Etre pierre. Là les participants peuvent déposer leur pierre en choisissant l’un des sacs selon l’intuition du moment.
Un grand collage de différentes pierres dessinées habite le mur du fond, des perspectives sont créées parmi elles grâce à un calque qui les fait apparaître et s’éloigner.
L’intervention en dessin sur le muret qui longe le mur de pierres fait penser aux dessins préhistoriques des grottes. En déambulant dans le lieu, on peut avoir l’impression d’être entre deux mondes : aérien et sous terrain, tout en découvrant les explorations graphiques, picturales, les vraies et les fausses pierres.
L’ensemble des pierres suspendues incitent à se laisser porter par cet élan de légèreté, d’absence de poids à s’immerger un instant, une éternité, à avoir conscience d’un déplacement intemporel, être pierre et prendre conscience de toutes les qualités du vivant de cette matière minérale.
Après avoir fait l’expérience de l’installation immersive les visiteurs-visiteuses choisissent au hasard dans une coupole en forme de caillou un proverbe sur le thème des pierres. La proposition Pierre Blanche se décline à travers différentes formes d’arts pour détourner les images préconçues que nous avons de la matière minérale. Nous utilisons la pierre comme métaphore d’une mouvance intérieure, d’un pas nécessaire pour changer d’attitude envers notre planète : la terre, ce gros caillou qui porte et supporte tout ce qui vit.
C’est une attitude faite de respect et de fierté qui transparait lors de notre performance intitulée Pierreformance. Chacune de nous porte une grande pierre sur la tête et déambule lentement dans l’espace d’exposition. Un dialogue improvisé anime cette marche scandée par des mots désignant les possibles des pierres, un rebondissement qui pourrait être sans fin.