Préambule à Art en ciel
Le parcours d'art et l'accueil en résidence de 15 artistes initialement prévu a été remplacé à cause des problèmes liés au Coronavirus, par une exposition de 3 artistes étrangers et de 3 artistes locaux à l'église Saint Antoine de Cuges-Les-Pins sous le même thème en guise de préambule.
Six artistes exposent, deux sont accueuillis en courte résidence afin de réaliser leur oeuvre in situ
Hélène SARRAZIN est accueillie résidence, elle réalise 6 dessins pour chacun des piliers de l'église. Leur titre : Présences.
L'artiste parle ainsi de ses oeuvres
Un jour à la campagne, alors que je m’étais endormie sous une tente moustiquaire, je m’éveillai en sursaut avec le net sentiment d’être épiée. J’aperçu alors un petit lièvre gris qui me fixait avec attention. A peine détournai-je la tête un instant que le voilà disparu.
Cette présence furtive, troublante et subtile, je ne cesse de la rechercher dans mon travail d’artiste à travers des formes élémentaires que je tente de charger d’énergie. Traquer le vivant dans ce qu’il a de plus fondamental, de plus touchant, retrouver ces moments de grâce si rares et si précieux qui donnent sens à la vie, tels sont les fondements de ma pratique artistique.
Hélène SARRAZIN est une artiste québécoise née à Montréal qui a participé à de nombreuses manifestations artistiques depuis une trentaine d’années. En 2019, elle a obtenu une exposition solo au Musée du Bas-Saint-Laurent intitulée « D’autres infinis », région où elle a habité ces trois dernières années. Elle séjourne présentement en France afin d’effectuer différentes résidences de création.
Seeta Muller est également accueillie en résidence, elle présente Réminiscence olfactive, une installation de tissus odorants sous l'autel dédié aux morts de la guerre et à Jeanne d'Arc.
Un clin d'oeil à l'odeur, à la mémoire, à l'intimité, à l'affection. Seeta Muller nous parle de cet ancien usage du mouchoir que l'on offrait au soldat qui partait au combat.
L'artiste écrit : L'installation comprend des morceaux de tissu collectés en France et à l'étranger, chacun avec une odeur, une histoire, un message. Les odeurs nous atteignent comme le son et l’image, c’est un monde caché et plein de sens. Les odeurs transportent des souvenirs et ont un langage qui leur est propre. Les senteurs sont présentes dans le sacré et le banal, elles sont construites, accidentelles, intrusives, omniprésentes. Nous interprétons les odeurs, nous leur donnons sens, l’odeur se connecte à notre mémoire. L’acte olfactif fonctionne comme un langage primitif, avec une signification essentielle, qui déclenche des images, des mots, des souvenirs.
Seeta MULLER est une artiste multidisciplinaire néozélandaise, directrice de Museelab à Sablé sur Sarthe, elle est co-curatrice de festivals d’art et de cinéma. Elle expose en France, Angleterre, Italie et Allemagne.
Adriana CERECERO est une artiste Mexicaine qui nous a envoyé un vidéo réalisé pendant le confinement à Mexico.
Il s'agit du rituel quotidien qu'effectue l'artiste sur son toit-terrasse: marcher le long des traces des failles, des infiltrations. L'artiste cite le verset 22.1 d' Isaïe : Oracle sur la vallée des visions Qu'as-tu donc que tu sois montée tout entière sur les toits ?
Elle parle de son oeuvre en ces termes : Quatre-vingt-quinze jours de marche quotidienne sur le toit-terrasse de ma maison pour observer les fissures exposées à de nouvelles fuites sur mon toit. En parcourant quotidiennement ces lignes tachées de rouge, mon esprit les transforme afin de leur trouver un nouveau sens. En jouant à les suivre, je décrypte en elles toutes une limite qui me fait frémir; penser que nous, êtres de la terre, nous expérimentons quelque chose de semblable aux fissures qui laissent filtrer le mal, en ne voyant pas encore la fin de cette pandémie.
Adriana CERECERO est une artiste multidisciplinaire de nationalité mexicaine et espagnole. Professeur et artiste visuelle, elle a à son actif de nombreuses expositions personnelles et collectives dans de nombreux pays.
Madeleine Doré présente les Saintes femmes, une installation pensée précisément pour le lieu.
L'artiste en parle en ces termes : Les saintes femmes sont des femmes ordinaires. Elles sont présentées dans des assiettes. Assiette est un dérivé de asseoir, dans l'ancienne langue il signifiait tout simplement la position, la situation. Dans chaque assiette une sainte femme est symbolisées par un dessin représentant un métier, une action dévouée et honorable. Ces images identifient sa réalité ou à dessein suggère une aspiration, un souffle qui élève en soi. La figure sainte est présentée comme modèle. Entre la sainte et la femme ordinaire il y a le chemin personnel que chacune emprunte pour accéder à une dimension spirituelle souhaitée. Sachant que toutes action dans le monde à des répercussions de façon sensible, parfois imperceptible et que cela prend part à tout mouvement de l’âme. Cet ensemble d’assiettes est aussi un hommage à toutes les femmes qui se sont sacrifiées ont lutté pour devenir autonome et manifester leur pouvoir.
Madeleine Doré est une artiste québécoise, elle développe une approche de l’art en contexte. Elle fonde en 2002 l’association tadlachance à Cuges Les Pins avec Françoise Rod. Elle a travaillé en tant que commissaire indépendante pour des événements spécifiques et écrit des articles dans différentes revues au Québec et en France. Elle expose régulièrement en Europe et au Québec.
Patrick Massaia est un photographe qui s’intéresse au flou. Il se définit en tant que floutographe. Pour cette exposition il présente trois photos de flous floraux.
Il s'exprime ainsi : Dans cette série, j’essaie de construire un langage secret, en déconstruisant, déstructurant les perspectives et le réalisme qui polluent les normes du langage photographique. L’appareil photographique est ici utilisé comme un pinceau, il « fantomatise » les lieux photographiés et n’en enregistre que la lumière et les couleurs ambiantes, pour en restituer des traces étirées, donnant l’impression d’avoir été faites avec les pinceaux d’un peintre abstrait. L’appareil photographique est pour moi comme un prolongement de l’œil. C’est aussi une fenêtre qui focalise mon regard, c’est encore un outil à découper dans l’espace et le temps. Bien sûr il a fallu photographier avec la tête, aussi avec l’œil, mais surtout avec le cœur. Plus qu’une façon de voir c’est une façon de vivre.
Patrick MASSAÏA vit et travaille à Aubagne, son activité photographique oscille du reportage à la photo-créative.
Françoise Rod présente une installation tout en fragilité et en équilibre autour du baptistère. Les vases, verres, décanteurs et damesjeanne sont empilés les uns sur les autres. Certains contiennent de l'eau.
Intitulée Âmes libres, l'artiste fait référence à un lieu intérieur fait de pureté et de transparence.
Elle en parle ainsi : Travailler avec le mystère des choses d’ici et d’ailleurs résume le propos de cet assemblage de vases de verres translucides. En soi par sa fragilité, ces présences induisent un sentiment, comme un miroir inversé qui renvoie à une provenance différente chez chaque personne. La transparence, l’eau ne cachent rien et dévoilent ce qui est là, renvoyant au soi, au mystère fragile que chacun contient. Tous ces éléments en verre, forment un ensemble aléatoire, une actualisation de visions internes. Pour moi, l’art se doit d’être un seuil devant le mystère du monde.
Françoise Rod possède un doctorat en Esthétique Sciences et Technologies des arts de l’Université de Paris VIII. Elle organise des parcours d’art et des expositions, elle enchaine les expositions individuelles et collectives dans différents pays, elle est souvent invitée pour des résidences et des festivals.
L'exposition a été très fréquentée plus de 200 personnes sur un weekend. Une bonne partie des artistes étaient présents et de nombreuses visites guidées ont été effectuées. Une belle réussite pour notre association.