tadlachance: projets nomades
NOMADISME ART EN CONTEXTE ET RELATIONNEL
tadlachance est une association d'artistes qui s'inscrit dans le courant de l'art contextuel et relationnel dont parle Paul Ardenne* et Nicolas Bourriaud. Elle développe plus spécifiquement depuis 2001 des pratiques d'art du déplacement sur le mode de l'itinérance, de la flânerie et de la mobilité, théorisé entre autres par Thierry Davila. Elle cherche à faire sortir l'art des lieux traditionnels de monstration et soutient l'idée que c'est à l'artiste d'aller vers les gens, de les inciter à prendre part à des projets d'art contemporain. Quand Michel Maffesoli parle d'errance fondatrice de tout ensemble social, sa pensée résume bien la volonté de tadlachance de tisser des liens entre les individus et les différentes collectivités.
tadlachance développe actuellement l'intervention nomade sources et ressources. En juillet 2010 ce fut la recherche des sources celtiques en Bretagne et en Irlande. Le duo a effectué ce parcours avec la résidence mobile de tadlachance. Le trajet est amorcé par la fontaine de Barenton située dans la forêt de Brocéliande et se poursuit vers la pointe du Raz, le Morbian, le Finistère, jusqu’à Roscof pour la traversée vers l’Irlande. Une pérégrination qui pourrait être qualifiée d’expédition, souvent c'est de bouches à oreilles que l'emplacement des sources était connu, il fallait parfois traverser des champs, marcher des kilomètres pour les découvrir. Il s’agissait de faire l'expérience des sources, de tracer une cartographie de points énergétiques sourciers, de travailler avec une matière dans sa pureté première. Le trajet a donné forme à de multiples interventions minimales aux sources.
Ce trajet européen a débuté en juillet 2009 à la source de St-Pons de Gémenos, s'est poursuivi avec les sources de Nayes, Saint Zacharie, l'huveaune, Nans les Pins et plusieurs étapes d'interventions ont eu lieu en Italie et en Bulgarie. Deux artistes initiatrices de ce projet ont rejoint le nomadic village en août. Un non lieu situé près de Pavlikeni où s’est formé un village d'artistes pendant une dizaine de jours ; une semaine de résidence et de rencontre et deux journées de présentation publique.
La source située à la frontière de ces deux communautés fut peinte en rose avec des dessins de sources provenant du célèbre monastère de Rila, des inscriptions en plusieurs langue. La source est devenue un lieu de rencontre, d'échanges et de fierté pour les gens du village bulgare. Les étapes suivantes de Sources et Ressources sont la Bretagne en direction du nord de l'Angleterre en juin 2010. Ce projet itinérant est inspiré par l'antique coutume anglaise des well dressing.
En 2004 tadlachance a réalisé au Québec D'ici à là où vers toi ?
Un circuit qui propose une réflexion sur le déplacement et l'expérience du voyage comme champ d'art relationnel. Madeleine Doré et Françoise Rod de tadlachance avec leur bicyclettes roses offre des interactions itinérantes autour de trajets personnels et de topologies intimes.
Elles proposent aux passants des actions poétiques, des expériences ludiques interrogeant ainsi leur parcours, leur déplacements intuitifs et géographiques. Il peut s’agir par exemple, de dessiner un point qui représente son lieu de naissance, de tirer des traits pour chacun des endroits où l’on a habité, d’ajouter ses voyages et ainsi de suite de tracer sa cartographie personnelle.
Le trajet nomade L'eau de l'un à l'eau de l'autre réalisé en 2004 est une remontée à contre courant des rives du Rhône avec un petit laboratoire mobile. Il débute à l'embouchure du Rhône dans le sud de la France et se déroule dans huit villes: Port Saint-Louis, Salin de Giraud, Valence, Givors, Seyssel, Genève, Sion, jusqu'au glacier du Gothard, source du Rhône en Suisse. Une suite d'interactions se développent sous le mode de la mobilité.
Le duo de tadlachance déploie son laboratoire poétique sur les ponts du Rhône et sur les lieux de passage de ses berges. Avec leur attirail onirique les artistes françoise Rod et madeleine Doré proposent aux gens d'être à l'écoute des babil du fleuve, de pêcher des idées, de regarder dans l'œil du Rhône, de lancer la bouée pour sauver une pensée à la dérive, de puiser en amont et de jeter en aval ce dont on ne veut plus et biens d'autres actions. Après avoir fait ces expériences chaque participant est invité a remplir un sachet ou une fiole de verre d'un peu d'eau, ou de sel, à lui conférer des qualités symboliques en écrivant quelques lignes. Tous les messages ont été convoyés jusqu'à la source.
Itinérance aux frontières réalisé en 2002 est le premier projet nomade de l'association. L'installation mobile prend place dans sept villes frontalières suisse. Des expériences qui posent la limite frontalière comme une ligne susceptible de débordement intérieur et extérieur.
Itinérance aux frontières pose la limite frontalière comme une ligne susceptible de débordement intérieur et extérieur.Le fait d’être placé exactement dans une zone frontalière suspend les dualités politiques et sociales concernant la langue et les territoires.
Le passant choisit au hasard les expériences qui l’amènent à se positionner, à s’investir dans ce corps à corps avec l’espace proposé par l’installation.
Les limites sont celles de la sensation, elles ne sont pas celles des restrictions. Les gens sont invités à accepter cet espace qui leur donne la possibilité de s’investir, de prendre part à cette réflexion frontalière.
Changement multiplicité, univers en circulation, caracérise le mode de production de l'art du déplacement. Cette même année tadlachance a participé à la Rencontre des arts célébrant le bi-centenaire de George Sand à Thevet Saint Julien.
En 2003 l'association à participé au symposium international d’art vivants Leleg sandim@ à Yalikavak (Turquie) et depuis cette rencontre des liens avec ce pays se poursuive.
En 2005 un dialogue interculturel entre le collectif turc Ask et l’association tadlachance à donné lieu au projet Her’berium a transgerminal language. Cette expérience langagière s’est construite à partir de la germination comme métaphore communicationnel de l’échange. Elle a donné lieu dans un premier temps à une circulation de plantes, de graines, de noyaux de part et d’autre de la Méditerranée.
Ce processus s’est poursuivi par une suite d’interactions contextuelles à Yalikavak, Bafa Lake et un hommage aux femmes de Çomakdag en Turquie. Dans ce petit village turc les femmes portent des fleurs sur la tête et des ornements d’or symboles de traditions millénaires.
Lors de notre interaction nous avons offert aux femmes et aux hommes présents des graines d’amandiers provençaux (premier arbre à fleurir après l’hiver). Celles-ci avaient été préalablement enrobées de coton imprégnées d’eau et congelées lors de l'action précédente effectuée à Bafa Lake avec les danseurs de taldance. Les amandes gelées étaient distribuées de main à main, la chaleur de ce contact amorçait le cycle de transformation et rendait effective la potentialité réelle de l’échange.