Etape nomade Kee-Tea Rha avril 2025
Du 6 au 13 avril, nous avons eu le plaisir de recevoir Kee-Tea Rha, en étape nomade.
http://www.keetea-rha.fr/Kee-Tea_RHA/Home.html
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Vernissage au lavoir de Cuges-les -Pins le 12 avril
Kee-Tea-Rha est originaire de la Corée, il vit et travaille à Sablé-sur-Sarthe. Il a réalisé cette installation en résidence à Cuges-Les-Pins, il s’est inspiré de l’enceinte du lavoir pour créer cette mise en scène surréaliste.
Il conçoit une mythologie empreinte d’une juxtaposition surnaturelle entre l’animal et l’humain. L’artiste interroge la part d’inconscient collectif qui habite le monde actuel avec ses cohabitations étranges.
Le cerf mythique est gardien de la montagne, de ses secrets, de ses transformations. L’animal sacré représenté symbolise la beauté et la rectitude. Sa posture ne ment pas. Il nous révèle avec droiture son regard performatif, il nous renvoie à nous même, à notre potentialité à la force et au courage de voir ce qui se passe.
La mise en espace installative nous renvoie à un temps suspendu empreint d’une certaine nostalgie.
Kee-Tea Rha part d’un concept. Cela reste longtemps flou dans son esprit. Il sait qu’il « tient un fil », mais peine encore à l’énoncer. L’image saisie, capturée au hasard de ses déplacements, en reste le vecteur. Il se sait alors avoir été le témoin occasionnel d’un flash spatio-temporel qui peut diversement prendre la forme d’une superposition impressionniste et équilibriste d’images et de reflets d’images, comme, tout au contraire, d’une vacance suspecte et pesante, d’un hiatus malaisant entre figuration et fonction. Il scrute cette image, la décortique, se laisse envahir par ce qu’elle lui apprend de la société et de ses dysfonctionnements. Dès lors qu’il en identifie les arcanes, il s’empare de ses médiums de prédilection, la peinture à l’huile, l’aquarelle et l’argile. Très souvent ces trois pôles (céramique, peinture et photographie) sont réquisitionnés dans ses installations de moins en moins matérielles, de moins en moins équilibrées. Le souci encore récent des contrepoints élégants est aujourd’hui remplacé par une orchestration du vide, par une dramaturgie articulée autour du sentiment de rupture. Rupture des vies, des espaces, du temps, du rythme, des fonctions... La photographie témoigne d’un état de fait quandles œuvres peintes, modelées ou moulées, elles, font arguments contradictoires. S’ensuit un dialogue pesant, quasi muet, et un silence asphyxiant. Kee-Tea Rha excelle dans cette capacité à définir la fixité d’une scène et à jeter un regard cru sur la frénésie absurde de nos sociétés et l’obsolescence du faire, sans jamais rien céder aux exigences d’une esthétique envoûtante.
Stéphanie Le Follic-Hadida / Historienne et historienne de l’art (PhD), critique et commissaire d’exposition spécialisée en céramique contemporaine.